Finance & banques au Maroc

A partir du début des années 90, le système financier marocain a mené plusieurs réformes articulées autour de trois axes : le décloisonnement des marchés de capitaux, la libéralisation des opérations financières et la réforme du cadre réglementaire des banques. Ainsi, ont été introduits dans le cadre de la loi bancaire de 1993, le désencadrement du crédit, la suppression progressive des emplois obligatoires, la libéralisation des taux d’intérêts débiteurs, le lancement d’un marché des changes interbancaire. Cette libéralisation de l’activité bancaire s’est réalisée dans un cadre prudentiel renforcé et mis en conformité avec les normes internationales afin de préserver la bonne santé du secteur bancaire. Elle a également posé le principe du décloisonnement bancaire et introduit le concept de banque universelle. En vertu de cette loi, les banques peuvent exercer et commercialiser l’ensemble des produits et services bancaires et met fin à la spécialisation établie entre les banques commerciales et les organismes financiers spécialisés.
Cette loi réglemente pour la première fois les sociétés de financement (sociétés de crédit à la consommation, sociétés de crédit-bail, ...) et en les considérant au même titre que les banques comme des établissements de crédit. La nouvelle loi se caractérise par trois principales innovations :
- L’unification du cadre juridique ;
- La création de trois institutions : le Conseil National de la Monnaie et de l’Epargne (CNME), le Comité des Etablissements de Crédit (CEC), la Commission des Etablissements de Crédit (CDEC ) ;
- La protection des épargnants et des emprunteurs par un ensemble de mesures (respect des règles prudentielles, nouvelles conditions d’activité, ...). La suppression de nombreux monopoles a également été mise en œuvre. C’est le cas par exemple des opérations avec les RME (Résidents Marocains à l’Etranger), pour le Crédit Populaire du Maroc (CPM), ou de l’assurance à l’exportation pour la Banque Marocaine pour le Commerce Extérieur (BMCE BANK), activité transférée à une société indépendante. En termes de restructuration et d’assainissement des institutions financières, l’action engagée ces deux dernières années a surtout concerné les banques publiques (Banque nationale de développement économique, Crédit agricole du Maroc, Crédit populaire du Maroc).
Le système des places financières offshore a été institué par la loi 58-90 et mis en application par une circulaire de septembre 1992. Cette loi a institué dans la municipalité de Tanger une place financière offshore ouverte aux activités de banque et des sociétés de gestion de portefeuille et de prise de participations.
Le secteur bancaire marocain est devenu moderne et efficace. Il a connu un mouvement de concentration significatif aujourd’hui achevé. Dix-sept banques possèdent aujourd’hui une licence d’exploitation mais sept banques contrôlent le marché. Le principal acteur est constitué par le réseau public des Banques Populaires. Viennent ensuite Attijariwafa, la BNPE et des banques contrôlées majoritairement par des actionnaires étrangers, parmi lesquelles la BMCI, filiale de BNP-Paribas, et le Crédit du Maroc, filiale du groupe Crédit Lyonnais-Crédit Agricole. Enfin, la Caisse de Dépôt et de Gestion est extrêmement active dans les secteurs de l’immobilier et du tourisme, en accompagnant les projets d’intérêt général et en intervenant dans une logique d’amorçage pour des projets plus modestes.
Pour promouvoir l’investissement et la création d’entreprises, le système bancaire marocain dispose de moyens de financement diversifiés dont les taux débiteurs sont librement négociés entre banques et entrepreneurs. Tout d’abord, les prêts bancaires traditionnels couvrent jusqu’à 80% des besoins de l’entreprise mais des lignes de crédit spécifiques, pour la restructuration des PME, financent jusqu’à 70% du processus de restructuration et des lignes de crédits européennes (française, italienne, espagnole et portugaise) et de la Banque islamique de développement ont alimenté les ressources nationales de financement en faveur du développement des PME. Par ailleurs, le crédit-bail a été introduit pour l’acquisition de biens d’équipement ou immobiliers à usage professionnel.
Le capital-risque ou capital-investissement est un phénomène assez récent au Maroc mais a pris de l’ampleur depuis l’ouverture des marchés financiers. Les capitaux-investissements (capital-risque, capital-développement, capital-amorçage, capital-transmission et capital-restructuration) permettent d’alimenter les fonds propres des PME engagées dans un processus de mise à niveau des entreprises marocaines. La Banque Européenne d’Investissement (BEI), partenaire de plusieurs fonds, encourage d’ailleurs la mise sur pied de tels instruments au Maroc. Le marché du capital-investissement comprend aujourd’hui une dizaine d’acteurs actifs. La plupart des fonds sont généralistes tandis que d’autres se concentrent sur des activités précises, notamment les nouvelles technologies de l’information et des télécommunications, comme par exemple le fonds Upline Technologies. Depuis 2000, les fonds levés destinés au capital investissement ont atteint 1,5 milliards de Dirhams.
La capitalisation boursière de la place financière de Casablanca a connu une progression très significative au cours de la décennie 90. Elle est passée de 7,7 milliards de DH en 1990 (3,6% du PIB), à 145,1 milliards de DH en 1998 (42,2% du PIB) à 252,33 milliards de dirhams soit 55% du PIB en 2005. Le nombre de sociétés cotées est de 54. Le ratio de liquidité est en progression de 102% (14,87% contre 7,36% en 2004). L’indice MASI s’est situé à 5539,13 points, soit une performance annuelle de 22,49%.